Magic Mike
Steven Soderbergh est de retour sur nos écrans pour la troisième fois en moins d'un an avec Magic Mike, histoire d'un strip-teaseur qui tente désespérément de réussir à réunir les fonds pour concrétiser son rêve : devenir entrepreneur. L'arrivée d'un petit nouveau – Adam alias le Kid – dans ce monde de la nuit remet en perspective la vie de Mike.
Trois film en un an, c'est tout de même beaucoup et cela donne des résultats pas toujours à la hauteur des attentes. Contagion était un film intelligent sur une pandémie. Piégée (Haywire est le titre original) était un film médiocre avec une mise en scène élégante mais avec un fond à vomir. Celui que la femme ne peut pas être l'égale de l'homme dans le genre action sans passer par une « hyper-masculinisation » ou sa négation (le dialogue entre Kenneth et Paul est tout de même assez équivoque :
« C'est la première fois que je dois assassiner une femme..
- Ce n'est pas une femme. »). Quant à Magic Mike, il a les fesses entre les deux chaises. A la fin du film, on a envie de dire au réalisateur américain de prendre une pose pour réussir à retrouver un peu d'inspiration.
De la part d'un cinéaste qui veut être à contre-courant des tendances hollywoodienne, il est assez consternant d'observer un long-métrage consensuel, convenu. On passe par tous les clichés sans jamais les transcender. On a le droit au « vieux loup » qui trouve le reflet de sa jeunesse à travers le nouvel arrivant et qui va découvrir que sa vie c'est de la merde. On retrouve les énièmes mêmes critiques sur le monde de la nuit, de sa superficialité, de ses drogues, sur les rapports avec le corps et patati et patata... C'est affligeant de banalité. Le pire dans tout cela est probablement la fin avec son petit côté moraliste « Maintenant que tu as 30 ans, tu dois te caser, trouver une fille honorable ». Cette morale ne me dérangerait pas si elle était finement amener mais c'est loin d'être le cas.
Néanmoins, il faut rendre à César ce qui appartient à César. Selon moi, le scénario a deux qualités. Premièrement, Mike n'est pas un crétin artificiel. C'est un homme plutôt intelligent qui renvoie malgré lui cette image de « Ken ». La seconde qualité est que Soderbergh montre le rapport entre la prostitution et le milieu social. Il n'en fait pas une thèse mais le simple fait de le souligner quelque peu est déjà une bonne chose.
Cependant, si il faut rester honnête jusqu'au bout de cette critique, le film n'est pas désagréable à regarder. Il est même plutôt plaisant dans sa première partie. Monsieur Eleven arrive à nous retranscrire ce milieu de la nuit. Il arrive à rendre agréable les différents stripteases qui composent Magic Mike. Il faut d'ailleurs rendre hommage à la performance de Channing Tatum, crédible sur scène en tant que danseur et crédible tout court dans son rôle. Mais la mise en scène intelligente,élégante et avec sa sensibilité « cinéma indépendant » finit par agacer par son côté lisse, propre. Le réalisateur n'emballe, n'enflamme jamais son sujet qui pourtant se prête à une mise en scène plus viscérale, brutale. Même quand il se déroule devant nos yeux des évènements graves, on ne les ressent pas comme tels. C'est dommage.
Un film très très très mineur de Soderbergh qui aurait mérité un traitement du scénario plus intéressant, plus approfondi et une mise en scène un peu plus incisive.
Steven Soderbergh par Hérodonte : Contagion