Hedwig and the Angry Inch

Publié le par Herodonte



Synopsis : Hedwig Schmidt, un transsexuel allemand, est la star du rock la plus étonnante et la plus méconnue du monde. Avec son groupe, elle sillonne les Etats-Unis de restaurants miteux en halls de centres commerciaux. Pourtant, chacune de ses chansons révèle son incroyable destin et sa vision du monde. Hedwig raconte, en chansons, son enfance est-allemande, sa solitude, son opération de changement de sexe et ses passions. Elle poursuit également le célébrissime Tommy Gnosis, le jeune homme qu'elle a tant aimé et pour qui elle a composé certaines musiques.

Mon avis :

Hedwig and the Angry Inch est un film difficile à définir. C'est une sorte de comédie à la fois dramatique, musicale avec un zeste de "road trip". Ce qui sert le film... Et en même temps l'handicape. J'y reviendrais plus tard.
Son réalisateur John Cameron Mitchell est quelqu'un d'un peu inhabituel dans le paysage médiatique du cinéma. Tout d'abord, il a reçu une éducation catholique pour finalement en prendre le chemin complétement inverse. Il suffit de voir ses deux films, l'intéressant Shortbus et Hedwig, pour remarquer que son cinéma n'a rien de "catholique". Si j'ai dis que John Cameron Mitchell est légèrement inhabituel, c'est que Hedwig est son premier long-métrage et que, en plus, il joue le rôle principale. Celui d'Hedwig. Rôle extrêmement difficile à jouer de par le genre du personnage. D'habitude, on voit les acteurs prendre de beaux rôles dans leurs premiers long-métrages comme Judith Godrèche, récemment.
Hedwig est un enfant allemand de l'Est lors de la Guerre Froide mais possède une certaine curiosité pour l'autre côté. Celui de l'Amérique. Surtout de sa musique et de son extravagance. Lors d'une rencontre, assez cocasse d'ailleurs, avec un militaire américain dont il tombe amoureux, Hedwig décide ( Nous sommes alors en 1988... Cela aura son importance pour la suite du film) de passer à l'Ouest. Cependant, pour réussir Hedwig doit se séparer d'une partie de lui... Ou comment comment Hedwig est devenu Hedwig(e). C'est à travers cette passion qu'il-elle l'anime, le rock, que Hedwig nous apprend à travers ses chansons son parcours aux États-Unis et de son amour pour le fameux Tommy Gnosis...
A travers tout ces mélanges, on peut se demander si Hedwig and the Angry Inch tient la route. Partiellement mais le film reste très attachant.




Tout d'abord, la musique du film. Dernièrement, j'ai rarement vu d'aussi bonnes chansons spécialement écrites pour un film. Les paroles et la musique de Stephen Trask sont tout simplement excellentes. Ce n'est jamais lourd, niaiseux et on se prend même à chantonner quelques refrains à la fin du film. Petit coup de coeur pour Origin Of Love.
Évidemment, chaque chanson raconte une partie de l'histoire de Hedwig. Ce qui apporte un réel intérêt à ses utilisations. Ce n'est pas là pour faire jolies. Malheureusement, il vient alors le premier défaut. Peut-être le plus gros défaut du film. Comme chaque chanson est une histoire d'Hedwig, on a l'impression d'assister à une succession de clips et non à un film. D'ailleurs, il n'y a pas vraiment de transitions. C'est chansons, courte scène "classique, chansons, courte scène, chansons... C'est un peu trop voyant. D'ailleurs, c'est, en général, le défaut des films du label indépendant. Enfin bref, cela n'enlève en rien à la qualité  musicale du film.

Bien sûr, l'attraction du film est le personnage d'Hedwig incarné par le réalisateur. Fascinant androgyne rockeur, à la fois joyeux et triste, dont le seul objectif est de retrouver Tommy Gnosis, de retrouver sa moitié pour redevenir quelqu'un.
Si la psychologie du personnage, mais surtout la manière dont il y réfléchit, est intéressante, cela reste finalement très banale au vu de l'ensemble du film. A la place de ce personnage tiraillé par son amour mais aussi par la frontière floue homme-femme, on aurait pu mettre un adolescent que, fondamentalement, cela n'aurait rien changé. Les thèmes seraient pareils. La conception de l'amour, la recherche de soi etc etc... C'est un peu décevant.
Par contre, une des relations intéréssantes du film, hormis Tommy Gnosis-Hedwig, est celle de Hedwig avec sa guitariste, Yitzhak. Les deux personnages sont dans la même situation mais ne s'en rendent même pas compte. Je trouve ça très intriguant de voir cela à l'écran. D'ailleurs, il y a une certaine ambiguïté. S'en rendent-ils compte ? Font-ils exprès ? Vraiment très captivant, émouvant.

Enfin, ce serait à mon déshonneur de ne pas parler des acteurs du film. John Cameron Mitchell est vraiment troublant dans le rôle d'Hedwig, de par son physique déjà ou encore Miriam Schor. Cependant, la grande révélation ( surtout la première fois que j'ai vu le film, c'est à dire il y a quelques années) est Michael Pitt. Le réalisateur a réussi à rendre ce corps ( tout comme Hedwig d'ailleurs) très érotique, fascinant, troublant alors qu'à première vue c'est pas gagné. De plus, en dehors de tout cela, Michael Pitt est très bon dans ce film.
L'ensemble du casting suit le même chemin. C'est souvent juste.

Si Hewig and The Angry Inch a des défauts, il n'en reste pas moins un film avec une  énergie très communicative dont il serait dommage de s'en passer. Les chansons sont formidables. Les acteurs aussi. La réalisation, malgré le côté clipesque que je lui trouve, a quelques fulgurances, quelques jolies moments comme la scène du miroir qui symbolise, à elle seule, les attentes de Hedwig. Je vous le conseille !





Publié dans Critiques

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