Django Unchained
Quentin Tarantino n'est pas un réalisateur que j'admire. Néanmoins, il fait parfois preuve dans son côté compilateur des cinémas de genre d'un certain talent dont le dernier, Inglourious Basterd, en est l'exemple. Par conséquent, quand le réalisateur américain s'attaque à un genre que j'apprécie, le western, je suis assez impatient d'en voir le résultat.
L'histoire est simple mais dense. En 1858, dans le sud encore esclavagiste des États-Unis, Django (Jamie Foxx) est libéré de ses chaînes par un étrange chasseur de primes européen du nom de Schultz incarné par Christoph Waltz. Il a besoin de Django pour reconnaître des bandits. Cette mission faite, le duo va se tourner vers un nouveau but : libérer la femme de Django, retenue dans une immense plantation qui appartient à l'excentrique Calvin Candie (Leonardo Dicaprio).
Avec Django Unchained, Tarantino reste dans l'Histoire qu'il remanie quelque peu à sa sauce. Et là, les problèmes commencent de mon point de vue. Dans Inglourious Basterds, le réalisateur savait donner un peu de nuance à travers notamment le personnage du sniper sur lequel Hitler veut faire un film pour sa propagande. C'est un soldat nazi mais avec un peu d'humanité. Dans Django, c'est le manichéisme qui est roi. Tous les blancs sont de gros cons de racistes. Intellectuellement, c'est dangereux de faire cela surtout dans un pays comme les États-Unis où cette partie de leur Histoire reste douloureuse et où cela appuie encore un peu plus sur les divisions communautaires du pays sans donner une quelconque réponse pour une conciliation. Certes, Schultz est blanc et n'est pas raciste mais il est européen. L'identification à ce personnage pour un américain est très limitée.
Si on oublie un peu le fond du film pour se concentrer sur la forme, c'est du Tarantino pur jus. On y retrouve de longs dialogues, la vengeance, énormément de violence qui laisse peu de chance à nos protagonistes, des références au genre qu'il attaque. Le problème avec le style tarantino, c'est que quand cela ne fonctionne pas, ça plombe entièrement le film. Tout d'abord, les dialogues n'ont pas de saveurs et s'éternisent sans cesse tuant dans l'oeuf le début d'une tension ou encore d'une éventuelle émotion. Et globalement, c'est le film qui souffre de longueurs. On aurait pu enlever une demie-heure assez facilement... Ensuite, je ne suis pas réellement convaincu par l'hommage qu'il a voulu rendre à Corbucci, Leone, Ford et d'autres à travers la musique ou encore en « parodiant » les tics de mises en scène de Leone. C'est assez grossier et jure avec le sérieux du thème de l'esclavagisme que veut aborder Tarantino. Enfin, oui il y a de la violence et des scènes de combats furieux mais qu'on a déjà vu des milliers de fois. Django tire avec deux armes au ralenti sur des dizaines d'opposant, Django lâche une arme au ralenti pour en reprendre une sur le sol etc etc. Le tout sur du « R et B ». Plutôt ennuyant surtout quand, finalement, il y a assez peu de virtuosité dans la façon de le filmer...
Alors il est vrai que tout n'est pas à jeter dans Django Unchained. La scène des cagoules du Kux Klux Klan m'a fait pleuré de rire, la première demie-heure est plutôt entrainante, le personnage de Waltz est amusant malgré le cabotinage mais c'est à peu près tout. Je ne vois rien d'exceptionnel dans le jeu très lourd de Dicaprio pour incarner le grand méchant du film et je ne vois encore moins le charisme de Jamie Foxx qui est un acteur assez surestimé selon moi.
Pour conclure, on ajoute une vulgarisation historique, intellectuellement malhonnête et qui va jusqu'à notre patrimoine français avec Alexandre Dumas, à un problème de rythme et d'écriture. On saupoudre le tout de références pas toujours savamment distillées avec des scènes « fadasses » et vous avez Django Unchained.