La mémoire dans la peau

Publié le par Herodonte



Synopsis : Sur la côte Adriatique, un petit bateau de pêche repère le corps inanimé d'un homme ballotté par les flots. Des marins s'empressent de le repêcher. Portant des traces de balles dans le dos, cet homme à l'identité inconnue a miraculeusement survécu, mais il ne se souvient plus de rien. Même pas de son nom. Et encore moins des raisons pour lesquelles on a tenté de le tuer.
Toutefois, un indice subsiste : de sa hanche est extraite une petite capsule holographique indiquant un numéro de compte à Zurich. L'inconnu se rend alors dans une banque suisse afin de faire la lumière sur son identité. Une fois sur place, il découvre dans un coffre-fort une mallette contenant plusieurs milliers de dollars, un pistolet, un passeport au nom de Jason Bourne et six autres documents d'identité de diverses nationalités. Ce dernier s'aperçoit bientôt qu'il est suivi à la trace par une mystérieuse organisation.

Mon avis :

La mémoire dans la peau de Doug Liman est le premier film de la trilogie Jason Bourne. Trilogie inspirée des livres de Robert Ludlum, écrivain de nombreux thrillers et dont le fameux Jason Bourne. Ce film marque un peu l'histoire du cinéma ( dans son genre) puisqu'il donnera le ton pour les années à venir dont le mot d'ordre deviendra alors "réalisme". Il suffit de voir Casino Royale ( ou encore SALT récemment) pour voir l'effet de Jason Bourne...

Le film est l'histoire d'un homme retrouvé inconscient en mer par des pêcheurs. Ces mêmes pêcheurs réalisent alors que celui-ci a reçu deux balles dans le corps... A son réveil, l'homme ne sait pas qui il est et ne possède pour seul indice l'adresse d'une banque en Suisse. Loin de le rassurer, le contenu du coffre le plonge dans un profond désarroi lorsqu'il constate le contenue du coffre... De multiples passeports avec des noms et des nationalités différentes avec son visage et surtout une arme. Il s'ensuit alors une quête de vérité, d'identité très intéressante.

Malgré ce qu'on peut penser, la mémoire dans la peau n'est pas un film d'action/espionnage lambda comme on en voit des milliers au cinéma. Ici, on se concentre beaucoup plus sur les personnages que sur l'action. Et quand action il y a, elle a toujours une évocation autre que de divertir simplement l'humble spectateur que nous sommes. En effet, tout comme Jason Bourne, on découvre petit à petit ce dont il est capable de faire. Escalader des murs, se battre à mains nues contre des types armés, un sens de l'observation exacerbé et autres capacités physiques peu communes. De plus, contrairement à certain James Bond, les scènes d'actions sont un poil plus réaliste ou en tout cas elle passent beaucoup mieux. Le traitement du film empêche au spectateur de complétement en sortir avec des séquences complétement folles où l'on se dirait que c'est du grand n'importe quoi. Cela n'empêche pas parfois quelques questionnements mais on le digère beaucoup mieux.



La mémoire dans la peau évite d'autres pièges comme les clichés du genre. Pour une fois, on a le droit à de vraies gueules et non des gravures de mannequins. Doug Liman évite le piège du film touristique. Paris, où la majeure partie de l'histoire se déroule, est telle qu'on la connait et on a pas le droit aux clichés sur notre pays  comme la baguette ( ou les croissants... Hein G.I Joe !) et le fameux béret. Il montre le Paris que nous connaissons.

Ce que je trouve très intéressant est cette relation entre Jason Bourne ( Matt Damon) et Marie ( Franka Potente). Malgré une différence importante entre eux, c'est une personne normale et lui un agent super-entrainé, ils sont tout les deux perdus dans le monde qui les entoure. Elle  n'arrivent pas à se poser et parcourt le monde et lui ne se sent en sécurité nulle part et toujours à la recherche de son passé. Par conséquent, si la fin est facile, elle a le mérite d'être forte.

Je rajouterai que le film est extrêmement bien écrit ( le fameux Tony Gilroy, scénariste notamment de Michael Clayton). Certains scènes ont plusieurs lectures, ce qui permet au film de ne pas être  surchargé par des dialogues lourds. On dit beaucoup de choses en peu de mots. C'est sec, c'est direct, ça va à l'essentiel. L'un des exemples est la séquence du restaurant où Marie et Jason prennent un peu repos. Dans cette séquence qui dure 2-3 minutes, Bourne fait l'état de ses capacités mais aussi de la fragilité dans lequel il se trouve. C'est remarquable à regarder. Dans d'autres films, on aurait eu le droit à des scènes d'expositions pour montrer qu'il est fort mais aussi à une scène bien larmoyante, musique triste en fond, pour dire qu'il se sent pas bien. Dans cette séquence, pas de tires-larmes, pas de musique pour faire pleurer les chaumières, juste quelques mots et la réalité crue de la situation dans lequel il se trouve.

La réalisation de Doug Liman est impeccable. Ça manque peut-être de personnalité, de prise de risques mais elle est en adéquation avec le sujet. Et surtout, comme tout le reste du film, il en fait pas trop.
La musique de John Powell est parfaite. Elle colle au film et elle possède un côté nostalgique, triste qui sied parfaitement à Jason Bourne.

Cette œuvre est loin d'être parfaite. Il y a un petit coup de mou vers le milieu du film, c'est très lent et il ne se passe plus grand-chose mais rien de trop nuisible. Et puis cette fin. Que je trouve excellente mais qui peut sembler convenue pour d'autres. Tout cela n'empêche pas  La mémoire dans la peau d'être un excellent film et il bénéficie d'acteurs convaincants qui, comme le film, sont sobre dans leurs jeux.

Franka Potente et Matt Damon. United International Pictures (UIP)



Publié dans Critiques

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