Serpico

Publié le par Herodonte

Les Acacias

Synopsis : Policier intègre, Serpico lutte contre la corruption généralisée au sein de la police new-yorkaise. Détesté de tous, collègues comme supérieurs, il ne pourra compter que sur lui-même pour mener à bien sa croisade pour la justice.

Mon avis :

Serpico est en tête de cette vague cinématographique qui a sévit dans les années 70 en remettant en doute le système américain. L'ennemi n'est plus un adversaire clairement définissable mais il est de l'intérieur, pourrissant ce système rarement remis en cause dans les décennies précédentes.
Serpico est le parfait exemple de ce qu'on pouvait voir à l'époque. Franck Serpico, policier naïf et intègre, se retrouve confronter à la corruption qui règne dans la police mais aussi dans certaines hautes sphères politiques. Tout est dit. On ne croit plus à l'honnêteté des organisations chargés de faire le "bien". C'est la désillusion.

Sidney Lumet ( Un après-midi de chien) montre le chemin d'un homme souvent seul pour soigner le système. Pour le laver de ses péchés. J'utilise le mot "péché" puisqu'on peut voir dans le personnage de Serpico - incarné par un excellent Al Pacino - une figure christique. Physiquement, peu à peu le personnage fait penser à Jésus avec ses cheveux et sa barbe. Plusieurs fois dans le film, on remarque que le personnage est habillé tout de blanc face à ses collègues véreux. Et puis cette position de martyr du personnage. Bon... Tout cela est amené d'une façon très lourde. Et cette lourdeur persiste par la suite qui empêche le film d'être excellent.
Autre exemple. Serpico se sent dès le départ mal à l'aise dans le milieu où il travaille mais est comme un poisson dans l'eau dans le milieu bourgeois contestataire des années 60-70... Tout le film est comme ça. Très manichéen. Tout le monde est soit gentil ou soit méchant. Un peu plus de nuance aurait été profitable et même si le film est tiré d'une histoire vraie, j'imagine mal que dans la réalité tout fut autant manichéen.

La mise en scène dans l'ensemble est efficace. Sidney Lumet garde toujours en fond la ville, le social qui donne au film une ambiance particulière. Réaliste, triste de ces années 70. Cependant, tout n'est pas parfait.
Le montage est particulièrement problématique dans le film. On a le droit à des coupes très brutales pour passer d'une scène à l'autre mais surtout, le spectateur a beaucoup de mal à situer les événements temporellement.
Par exemple, dans une séquence où on sait que l'on est en 1972 on passe à une séquence où Serpico se promène avec son chien. Prochaine séquence, on apprend qu'on se trouve en 1974... En trois séquences, deux ans se sont déroulés sans que le spectateur ne saisit l'information. Et c'est particulièrement grave dans le film puisque on perçoit très mal l'isolement, l'usure du personnage principal, Serpico.

Sydney réalise un film intéressant, imparfait dans son montage mais surtout dans son discours beaucoup trop manichéen qui nuit à l'ensemble de l'oeuvre.

Al Pacino. Les Acacias


Publié dans Critiques

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